Joseph Rohu 1904-1996
Enfance et formation
Le chef de famille |
.
Joseph Rohu naît le 25 avril 1904 à Carnac. Il est le quatrième enfant de Pierre et Jeanne qui donneront naissance à trois autres enfants après lui. A 13 ans, il devient « petit clerc » de notaire à Carnac. Mais, se jugeant insuffisamment instruit, il demande à ses parents l'autorisation de reprendre ses études. C'est ainsi qu'à 17 ans, il entre comme pensionnaire à l'école des Saints-Anges de Pontivy. Ses études achevées, il quitte Carnac pour aller travailler en tant que clerc de notaire à Ville-d'Avray, en région parisienne, puis à Dives-sur-Mer, en Normandie. La photo de gauche montre Joseph Rohu à 16 ans. Elle fut prise par Alfred Rohu à Quiberon lors de sa visite à ses cousins bretons en 1920. |
A Dives-sur-Mer, Joseph fait la connaissance de Marie-Louise Vallée, née le 29 avril 1907, qu'il épouse le 20 février 1928. Deux filles vont naître de cette union, Marie-Thérèse (12/04/1929) et Michèle (27/04/1931). Le couple s'installe à Lorient. Joseph et Marie-Louise divorcent en 1938. Marie-Louise disparaît dans un accident d'avion en 1947 alors qu'elle se rendait au Maroc.
Veuf, Joseph se remarie le 22 juin 1954 à Nantes avec Nelly Debrock de dix-neuf ans sa cadette. Les parents de Nelly, originaires du nord de la France, s'étaient réfugiés à Carnac avec leur fille unique lors de « l'exode de 1940 » qui vit près du quart de la population française fuir l'avancée de l'armée allemande. Joseph et Nelly vont avoir cinq fils.
Vie professionnelle
Joseph renonce assez vite au notariat. Il reprend à la fin des années vingt une biscuiterie fondée à Lorient par le mari de sa sœur Jeanne, « Le Petit Moulin ». Les ventes sont décevantes. Il décide alors de s'installer en tant qu'agent commercial multicartes indépendant. Il vit à Brest puis il déménage à Nantes à la fin des années trente. Les affaires prospèrent. La société Belin, notamment, lui confie la représentation exclusive de tout l'ouest de la France, secteur qui se déploie de la Manche aux Charentes. Il embauche plusieurs collaborateurs. Sa sœur Louisa est, un temps, sa secrétaire. Avec le mari de cette dernière, il participe, parallèlement à son activité d'agent commercial, à la création de « La Biscuiterie des Druides » à Carnac au mitan des années cinquante. L'usine ferme ses portes quelques années plus tard, Joseph se recentre sur son activité principale. Il transforme une annexe de sa résidence nantaise, située aux 160 et 162 rue Joncours, en bureaux. Passionné par son métier et ayant la charge d'une famille nombreuse, il ne prendra sa retraite qu'à 80 ans!
|
Une vie emblématique
La vie de Joseph Rohu recouvre la presque totalité du siècle dernier. Elle est révélatrice de certaines évolutions de la société française et bretonne et elle témoigne de plusieurs ruptures avec des pratiques familiales et régionales ancestrales. Ainsi est-il le premier Rohu « breton » à s'être marié à une femme native d'une autre région que la sienne, et cela à deux reprises. Il est aussi le premier à avoir divorcé et il l'a fait en un temps où, dans une Bretagne très catholique, divorcer était mal vu. Son parcours illustre, de plus, l'exode rural qui a touché l'ensemble de la France et, à un moindre degré, la Bretagne dans la première moitié du XXe siècle: il a quitté son bourg natal pour aller vivre en ville. Son attachement à Carnac est resté néanmoins très puissant ainsi que le prouve le nom qu'il a donné à la maison qu'il y a fait construire en 1949: « Mad'bro », c'est-à-dire « Bon pays » en breton. Il appartient, enfin, à la première génération de Rohu « bretons » non bilingues, la IIIe République multipliant au début du XXe siècle les mesures pour imposer la pratique du français. Du breton, Joseph ne connaissait que les prières que lui avait apprises sa grand-mère quand il était enfant. Il en avait gardé une dévotion toute particulière pour Sante-Anne, mère de la Vierge et patronne des Bretons. Il est décédé le 10 février 1996 à Nantes.